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samedi 19 janvier 2013

lecture forte

Tous ceux qui y participaient y prenaient un plaisir, cela me paraissait évident. Certains, visiblement, jouissaient de l'acte en lui-même, mais ceux-là, on pouvait les considérer comme des malades, et il était juste de les rechercher et de leur confier d'autres tâches, voire de les condamner s'ils outrepassaient la limite. Quant aux autres, que la chose leur répugnât ou les laissât indifférents, ils s'en acquittaient par sens du devoir et de l'obligation, et ainsi tiraient du plaisir de leur dévouement, de leur capacité à mener à bien malgré leur dégoût et leur appréhension une tâche si difficile : "Mais je ne prends aucun plaisir à tuer", disaient-ils souvent, trouvant alors leur plaisir dans leur rigueur et leur vertu."

S'il est un bouquin qui m'a marqué c'est bien celui-là. Et ce n'est pas son millier de pages qui m'avait en son temps assommé. 
Encore un prix Goncourt (2006) me diras tu ! Certes, mais qu'y puis-je ?
Vraiment ce livre est bouleversant. C'est juste une biographie d'un SS parfaitement bien éduqué (c'est bien ça qui me gène !) qui cherche à bien faire son travail... Pas de remords, pas de regrets pour ce citoyen presque (ses relations avec sa soeur et ses parents le rendent quand même bien fêlé)  lambda qui cherche à bien se faire voir par son administration de tutelle.
Combien de collègues lui ressemblent ils ? Sans doute un bon nombre !
Seul garde fou : nous vivons en démocratie !

Résumé : En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes collègues, d'écrire mes mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j'ai fait mon travail, voilà tout ; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif. 

2 commentaires:

  1. ohhhh ! c'est pas bien de balancer sur les collègues comme ça !

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